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Partage de nos voyages en famille en Mongolie centrale, en Equateur, en Aragon (Espagne), en Islande, au Myanmar

13 Nov

Equateur, 21/08/2016 : illusions

Publié par Picpic70

   5h30, le réveil sonne après une courte nuit. Mathilde a décidé de faire l'impasse sur l'observation des oiseaux et reste couchée ; d'autres membres du groupe ont pris la même décision et nous partons donc en effectif réduit.

    Le départ en pirogue est exceptionnel : la brume est dense et donne au paysage un aspect fantasmagorique absolument fabuleux. Je m'attends à voir surgir un Tyrannosaure Rex derrière le feuillage à tout instant ...

 

Equateur, 21/08/2016 : illusions

    La lune est pleine et le soleil se lève paisiblement sur la forêt primaire.

 

    Les bruits de la jungle sont omniprésents et très diversifiés et, pour des néophytes comme nous, il est impossible de savoir s'ils proviennent d'un oiseau, d'un batracien, d'un insecte. Afin de repérer les animaux, Galo imite souvent leur cri. Son imitation est tellement parfaite que je suis généralement obligée de regarder le mouvement de ses lèvres pour voir si ces cris proviennent d'un animal de la jungle ou de notre guide.

 

    Nous avons la chance d'observer beaucoup d'oiseaux : des chachalacas (ortalides en français), des cassiques, des hérons, un corbeau figuier, un toucan et tant d'autres dont j'ai oublié le nom et/ou que je n'ai pu saisir sur la pellicule. Certains se perchent à la cime des arbres, d'autres attendent le poisson sur les berges, d'autres enfin se camouflent dans les enchevêtrements de branches de la mangrove. Certains sont bruyants, fiers de leur superbe, d'autres comptent sur leur silence pour passer inaperçus.

Cassique

Cassique

"Grand" héron"Grand" héron

"Grand" héron

Chachalaca (photo de gauche) et autres "piafs" d'AmazonieChachalaca (photo de gauche) et autres "piafs" d'AmazonieChachalaca (photo de gauche) et autres "piafs" d'Amazonie

Chachalaca (photo de gauche) et autres "piafs" d'Amazonie

"Petit" héron

"Petit" héron

    Galo nous explique que le cassique est l'un des oiseaux les plus intelligents de la jungle. C'est le roi du discours, il est capable d'émettre une quantité impressionnante de sons et de chants différents. Sur le chemin du retour, un hoazin passe juste au dessus de nos têtes, et, pour couronner la sortie "oiseaux", un toucan nous attend au campement. Il paraît que l'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt, il semble que l'observation des oiseaux d'Amazonie aussi !

 

    Nous sommes rentrés au lodge depuis une dizaine de minutes seulement, et la pluie commence à tomber. Depuis notre arrivée, c'est la 3ème fois que nous subissons les pluies tropicales, et, cette fois ci encore, nous sommes à l'abri lors du déluge : la première fois nous étions dans le bus reliant l'aéroport au ponton d'embarquement, la deuxième fois nous étions abrités sous le grand hangar lors du concours de lancer de javelot, et la troisième fois nous sommes de retour au lodge. Cela devient presque indécent comme chance, mais je ne m'en plains pas, pourvu que ça dure !

 

    Voilà 2 heures et demie que nous sommes levés, le petit déjeuner est le bienvenu et nous y faisons honneur.

Nous chaussons ensuite les bottes de pluie pour une expédition à pied dans la forêt. Galo nous rappelle que, même si nous ne voyons aucun animal extraordinaire au cours de cette marche, même si la pluie se met à tomber de façon violente et imprévisible comme cela est le cas quotidiennement en Amazonie, nous devons nous réjouir de la chance que nous avons de nous promener dans cette magnifique forêt primaire. Quelle philosophie, je trouve que c'est une excellente façon de voir les choses. Merci Galo !

 

    Notre guide nous montre tout un tas de plantes et nous explique conjointement l'usage que l'on peut en faire.

Ainsi, le pétiole de la feuille de curanga produit une sève rose très appréciée des femmes indigènes car elle peut être utilisée comme vernis à ongle.

Cette liane, une fois sectionnée produit suffisamment d'eau potable pour survivre à l'abri de la soif et de la déshydratation. Au cas où nous perdrions dans la jungle, ajoute-t-il d'un air sadique ... Je commence à avoir peur, je ne sais pas s'il a un quota de perte de touristes mais je sens que je vais le suivre comme son ombre ...

Le copal sécrète une résine qui sent fort la térébenthine et peut-être utilisée pour fabriquer des torches, éloigner les moustiques, ou réaliser des fumigations au cours de cérémonies chamaniques

A l'aide d'une brindille sèche, on peut écrire ou dessiner sur les feuilles de l'arbre à papier. Le texte ou le croquis apparaissent en orange sur la feuille verte au bout de quelques minutes, comme par magie. C'est un peu l'encre sympathique de la jungle, indispensable pour faire la liste des courses à ne pas oublier ... Cette même feuille, une fois écrasée, produit un jus orange qui peut être utilisé pour teindre la peau et les vêtements.

Un peu plus loin, nous découvrons un arbre gigantesque aux racines démesurées. Le système radiculaire de cet arbre s'étend, à faible profondeur, sur une longueur phénoménale, pouvant atteindre 1000 mètres pour les plus grands d'entre eux. Lorsque l'on frappe avec un bâton la partie aérienne des racines, il se produit un son sourd qui peut s'entendre à 2 ou 3 kilomètres de distance et sert ainsi à communiquer sur de longues distances sans réseau téléphonique !

Encore une fois, la forêt fournit tout ce dont on peut avoir besoin pour qui a les connaissances adéquates.

 

Résine de CopalRésine de Copal

Résine de Copal

Equatorian manucure

Equatorian manucure

Le livre de la jungle

Le livre de la jungle

Le talkie-walkie de la forêt

Le talkie-walkie de la forêt

    Avec une feuille de palmier, Galo nous fabrique en quelques minutes un petit panier, chic et pratique pour transporter de la viande ou du poisson. Le panier reste utilisable environ une semaine, il est entièrement biodégradable et facilement remplaçable. Je pense alors à notre société dite "moderne", et aux milliards de sacs plastiques fabriqués et jetés dans la nature ...

    Nous attaquons ensuite la partie gastronomique de l'expédition ...

    Arrivés devant une belle termitière, Galo nous explique qu'il est possible de manger les termites, et que ce sont des sources de protéines non négligeables. Il propose ensuite aux membres du groupe de goûter les termites qui s'agitent frénétiquement sur le tronc qui nous fait face. Les volontaires ne se bousculent pas au portillon ... et je décide de me lancer ! J'attrape au vol 3 ou 4 termites, les écrabouille un peu entre les doigts histoire qu'elles ne me gigotent pas dans le gosier, et je les mange. Elles craquent légèrement sous la dent et révèlent un goût de bois évident et plutôt agréable. Moi qui suis plutôt difficile pour manger, je m'auto-surprends, c'est une victoire sur moi même ! Emilie se lance aussi, mais globalement, les termites ne font pas vraiment recette auprès des autres membres du groupe ...

Equateur, 21/08/2016 : illusions

    Un peu plus loin, Galo s'arrête au pied d'un arbre dont les petites branches présentent des renflements. Il ouvre alors une de ces boursouflures, et nous découvrons à l'intérieur une myriade de petites fourmis ainsi que leurs œufs. Nous plongeons à tour de rôle l'extrémité de notre langue dans le creux afin de récolter les insectes et leurs œufs, et le résultat gustatif est étonnant ! Ces toutes petites fourmis ont très exactement le goût du citron ! Et probablement un peu aussi le goût de la langue des autres membres du groupe pour ceux qui ont goûté les "fourmis-citron" en fin se session dégustation ... C'est ce qu'on appelle le partage !

L'important est de s'affranchir de la barrière psychologique, et de ses laisser guider par ses papilles.

 

    Pour terminer ce périple gustatifs, Galo nous tend à chacun un petit morceau de bois qu'il nous présente comme "le chocolat de l'Amazonie". Lassés des insectes, nous nous précipitons dessus comme des morts de faim ... et nous ne tardons pas à déchanter. Galo vient de nous faire goûter un morceau d'écorce de quinquina, l'arbre qui produit la quinine ; le goût est excessivement amer, et notre guide préféré rigole car il nous a bien eus !

 

Equateur, 21/08/2016 : illusions

    Côté animaux, nous ne sommes pas en reste non plus. Galo nous montre tout d'abord un "insecte zombi", dont le corps a été parasité par un champignon. Biologiquement, l'insecte est encore en vie, il sert de support et de réserve de nourriture au champignon. Il est dans l'incapacité de bouger, car le parasite atteint en premier lieu le cerveau et immobilise ainsi sa proie. Il n'est déjà plus qu'un mort-vivant, destiné à être consommé petit à petit ... Les plus grands drames de la jungle ne sont pas toujours les plus spectaculaires !

Equateur, 21/08/2016 : illusions

    Galo nous déniche ensuite une superbe tarentule. Armé d'une branchette et de beaucoup de patience, il s'accroupit à proximité d'un trou situé au pied d'un arbre et taquine en douceur l'animal réfugié au fond de son antre. L'araignée finit par émerger de l'orifice, et, le temps que nous l'admirions, Galo lui bloque toute retraite en plaçant son bâtonnet en travers de l'entrée. Elle est magnifique, très velue et ses pédipalpes sont tellement développés que l'on dirait qu'elle a 10 pattes au lieu de 8. Elle se comporte comme une vraie star, se laisse photographier sans broncher, puis daigne finalement regagner ses appartements à petits pas précieux.

Equateur, 21/08/2016 : illusions

    Nous avons aussi la chance d'observer bon nombre de petites grenouilles, certaines plutôt ternes et se confondant parfaitement avec leur environnement, d'autres beaucoup plus colorées. Ces dernières appartiennent à la famille des dendrobates et leur livrée colorée est un avertissement chromatique indiquant aux prédateurs qu'elles sont toxiques à l'ingestion.

    Galo les manipule à mains nues, il ne semble pas y avoir de problème de toxicité de contact. L'une d'entre elle lui donne du fil à retordre, elle ne tient pas en place et lui échappe à la moindre occasion. Après 3 ou 4 évasions, Galo jette l'éponge, Heureusement pour nous que d'autres se montreront plus coopératives et se laisseront photographier plus aisément.

Equateur, 21/08/2016 : illusions
Equateur, 21/08/2016 : illusionsEquateur, 21/08/2016 : illusions

    Notre guide nous entraîne ensuite dans une zone très marécageuse, et je comprends enfin l'utilité des bottes que l'on nous a prêtées. Nous nous enfonçons dans la boue jusqu'en haut des bottes et pour moi la boue dépasse même le sommet de la tige, car j'ai le double désavantage d'être petite et dense ! Mathilde en bave aussi pas mal car ses bottes restent plantées dans la boue quand elle soulève son pied. Elle est du coup obligée de tenir le haut de ses bottes à chaque pas pour réussir à sortir de la gadoue sans laisser ses chaussures au fond du marécage ! L'expérience est laborieuse mais vraiment sympathique et nous sortons de cette zone boueuse en nage, tant l'effort nécessaire à chaque pas était important. Encore une fois, Galo nous recommande de faire attention aux endroits où nous posons nos pieds et nos mains, car, quelques semaines auparavant, il était tombé nez à nez avec un caïman dans cette même zone.

Equateur, 21/08/2016 : illusions
Equateur, 21/08/2016 : illusions

    Nous rentrons ravis de notre expédition et nous dévorons notre déjeuner avec entrain. En dessert, le serveur nous annonce du "durazno". Je me réjouis déjà de découvrir un nouveau fruit exotique, mais il ne s'agit en fait que du nom sud-américain de la pêche...

 

   Les filles commencent à sympathiser et à s'amuser avec les enfants de la famille allemande. La communication est à la fois gestuelle et verbale, dans un plaisant sabir mêlant français, anglais, espagnol, allemand et langue des signes.

Quant à eux, les parents de la famille allemande s'avèrent être en réalité de plaisants compagnons de voyage, une fois percée leur carapace de froideur typiquement septentrionale. Jusque là, nous ne les trouvions pas antipathiques, juste inexistants : aucune réponse de leur part lorsque le guide nous demandait si nous avions bien dormi, aucune réaction lorsqu'il nous informait du programme à venir, aucune question sur les plantes ou les animaux lors des sorties ... Un manque de réactivité total qui nous laissait penser, à tort, qu'ils ne comprenaient pas un  traître mot de ce qui se disait autour d'eux. A ma grande stupéfaction, je découvre qu'ils comprennent correctement le français, parfaitement l'anglais, et que, plus est, la mère est professeur d'espagnol ! Réserve germanique, quand tu nous tiens ... Du coup, nous discutons un peu, et je privilégie l'espagnol pour dialoguer avec la mère, car cela m'est plus aisé qu'en anglais. Et là, cauchemar absolu ! Cette langue que j'adore aux intonations si chantante me parvient avec un accent teuton prononcé, et cela heurte ma sensibilité ! C'est un peu comme entendre du Vivaldi joué avec une scie à métaux ou une sonate de Bach avec un piano électrique non accordé ... Bref, mes oreilles saignent à chaque fois qu'elle me parle, que Cervantès lui pardonne !

Equateur, 21/08/2016 : illusions

    La température extérieure est stable, aux alentours de 25°C, et mon corps semble s'être adapté à l'hygrométrie record. Par contre, nos affaires sont humides en permanence et ne sèchent pas, même si nous avons pu pour le moment nous abriter à chaque averse tropicale. L'humidité ne vient pas que du ciel, elle est dans l'air en permanence et imprègne tout.

 

    Un petit temps de repos, et nous voilà repartis pour une virée en pirogue, à la recherche de caïmans et de boas.

 

Equateur, 21/08/2016 : illusions

    En chemin, nous tombons sur une petite troupe de singes écureuils, aussi appelés saïmiris. Leur bouille est excellente et ils virevoltent de branche en branche avec une agilité déconcertante. Leur longue queue non préhensile leur sert de balancier et leur autorise toutes les acrobaties.

Equateur, 21/08/2016 : illusions
Equateur, 21/08/2016 : illusionsEquateur, 21/08/2016 : illusions
Equateur, 21/08/2016 : illusions

    L'un d'entre eux, peu farouche, s'installe à quelques dizaines de centimètres de nous. Il attrape de grosses gousses marron, les décortique d'un habile coup de dent pour en extraire de volumineuses graines blanches sucrées. Il les mâchonne quelques instants, recrache le noyau avant de passer à la suivante. Les gestes sont rapides et précis et nous avons la chance de l'observer de très près sans que cela ne semble le déranger aucunement. J'adore ce moment de tranquillité, je me sens bien dans cette jungle du bout du monde ...

    Tout le long du trajet, Galo scrute les environs et appelle les oiseaux en imitant leur cri ou leur chant. Encore une fois, la ressemblance est tellement parfaite que je suis obligée de le regarder pour déterminer si le chant provient de notre guide ou d'un oiseau !

 

    La rivière, cette force tranquille liquide à la fois source de vie et de mort coule paisiblement. Le dioptre de sa surface agit comme un miroir et me renvoie les images des parties émergées. Je suis prise dans un tourbillon de reflets, et mon cerveau a parfois du mal à distinguer la réalité du reflet. Où s'arrête la réalité, où commence l'illusion ? Quelles forces obscures cachent ces reflets, quels secrets abritent-ils ? Tous mes sens s'affolent pour discerner le vrai du faux, j'exulte en silence !

Equateur, 21/08/2016 : illusions

    Non loin de là, Galo demande à notre piroguier de placer notre embarcation sur le bord, à côté d'un bosquet d'arbustes déplumés. Il nous annonce alors en anglais que le concours est ouvert : le gagnant sera celui qui, le premier, dénichera un oiseau au milieu de ces branches dénudées. Je pense dans un premier temps avoir mal compris la question, car je vois mal comment il pourrait y avoir un oiseau que nous ne verrions pas dans ce petit espace parfaitement dégagé. Mais, après quelques dizaines de secondes de recherches visuelles, Christian découvre au sommet d'une branche verticale un oiseau au camouflage parfait. Il est du même diamètre et le la même couleur que la branche qu'il prolonge et son immobilité est totale. Il a les yeux clos et un petit air extatique communicatif, il paraît plongé dans une béatitude totale. Il s'agit d'un "putu à longue queue", aussi nommé "madre luna". C'est un oiseau nocturne, ce qui explique qu'il dorme encore à l'heure qu'il est.

Equateur, 21/08/2016 : illusions
Equateur, 21/08/2016 : illusions

    L'arrivée dans la lagune est encore un moment magique, le soleil prépare son retrait et pare de ciel de couleurs irréelles. La proue de la pirogue fend le miroir de la surface, et, tel un démiurge, donne vie à cette surface moirée, créant des remous et tourbillons fugaces et irisés.

Equateur, 21/08/2016 : illusions

    Le bain est cette fois-ci collectif, les dubitatifs et prudents des premiers jours se jettent à l'eau joyeusement. La pirogue est quasiment vidée de ses occupants, même Galo et le père de la famille allemande barbotent gaiement. Emilie et Mathilde s'amusent avec les enfants allemands, et le spectre des poissons carnivores aux dents acérées s'estompe lentement. Le ciel s'embrase sous nos yeux, l'Amazonie nous offre un spectacle pyrotechnique de haut vol !

Equateur, 21/08/2016 : illusions
Equateur, 21/08/2016 : illusionsEquateur, 21/08/2016 : illusions
Equateur, 21/08/2016 : illusions

    A la nuit tombée, nous partons à la recherche de caïmans et de boas. Depuis la pirogue, nous scrutons désespérément les berges mais c'est bien entendu Galo qui, le premier, aperçoit un caïman. Le temps d'apercevoir deux éclairs rouges dans la puissante lumière de sa lampe frontale, et le reptile disparaît déjà sous l'eau.

Un peu frustrés, nous continuons notre exploration et Galo nous déniche finalement 2 autres caïmans camouflés dans les racines des arbres des berges. Du premier, nous n'apercevrons que les yeux qui affleurent à peine la surface de l'eau, mais nous aurons l'immense privilège d'observer le deuxième pendant un bon moment avant qu'il ne se débine.

Equateur, 21/08/2016 : illusions
Equateur, 21/08/2016 : illusions

    Nous reprenons la direction du lodge en admirant, à la lumière de nos torches, le ballet incessant des chauves-souris en quête de moustiques. Des nuées d'insectes nous encerclent mais, grâce aux répulsifs que nous utilisons et à la voracité des chiroptères qui nous entourent, nous n'avons eu à déplorer quasiment aucune piqûre durant notre séjour.

 

   Alors que nous naviguons à bonne vitesse, Galo fait subitement signe au piroguier de s'approcher de la berge. Un insignifiant reflet dans le faisceau lumineux de sa torche l'a alerté, et il nous déniche un bébé boa lové au creux d'une branche. Il coupe la branche afin que chacun d'entre nous puisse examiner le petit reptile de près. Celui-ci ondule élégamment sur la branche, sa pupille fendue nous observe tandis qu'il explore l'espace qui l'entoure avec sa langue bifide. Notre guide le relâche finalement avec beaucoup de douceur à côté de l'endroit où il l'a trouvé, ainsi qu'il le fait à chaque fois qu'il capture un animal pour nous le montrer. Encore une fois, je suis sidérée par l'acuité de Galo qui a su repérer un minuscule éclair lumineux à plusieurs mètres de la berge, sur une pirogue lancée à bonne vitesse. Sa compétence ne fait aucun doute, et je suis vraiment très heureuse qu'il nous fasse découvrir cette extraordinaire forêt qui est la sienne.

Equateur, 21/08/2016 : illusions

     Alors que nous naviguons sous des branches basses, j'entends Mathilde qui pousse un grand cri. Je m'imagine qu'elle vient d'être touchée par une petite branche et qu'elle en rajoute un peu, ce qui n'est pas rare. Mais le cri se prolonge et s'intensifie et je réussis à discerner "poisson" dans ses hurlements un tantinet hystériques. En effet, un poisson suicidaire vient de sauter dans la pirogue à côté de Mathilde, et il se débat comme un pauvre diable à ses pieds. Bon samaritain, Emilie tente de lui porter secours, mais, ne sachant pas encore de quelle espèce il s'agit et étant encore trop loin pour le voir, Galo lui recommande vivement de ne pas y toucher. Le guide arrive rapidement à la rescousse des filles et remet finalement à l'eau le poisson de bonne taille, qui, heureusement, n'était pas un piranha aux dents tranchantes.

 

    Le conducteur de la pirogue qui nous ramène ce soir m'époustoufle encore plus que son collègue hier. Il reste une ou deux minutes d'affilée à naviguer dans l'obscurité la plus totale, et je sens la pirogue s'incliner dans les virages, alors même que je ne distingue strictement rien autour de moi. Je ne peux m'empêcher d'admirer la dextérité de ce piroguier, tout en imaginant la rudesse du choc au cas où nous heurterions un obstacle. La peur décuple mon plaisir, et je me laisse bercer par l'obscurité et griser par la vitesse.

 

    Le repas du soir est encore excellent : soupe de quinoa avec une petite sauce oignons/citrons verts/piments pas piquée des hannetons, des crudités, des frites, du riz, du porc, des légumes sautés aux épices et un succulent flan d'ananas. Le dîner est animé, les filles discutent et rigolent avec les enfants allemands tandis que nous engageons la conversation avec les parents. Dommage qu'ils partent demain, on commençait juste à faire connaissance et à bien s'entendre !

 

     Nous regagnons ensuite notre chambre pour un repos bien mérité, cette longue journée a été très riche en découvertes et nous sommes exténués. Christian se douche tandis que je me brosse tranquillement les dents quand soudain, je ressens une curieuse sensation : d'être observée ? de ne pas être seule ? Je sursaute et pousse un petit cri en découvrant une grenouille posée sur le rebord du lavabo à quelques centimètres de moi. Sa peau est plutôt pustuleuse, mais ses yeux sont magnifiques. Elle me regarde, impassible ; je la regarde, me demandant en quel prince charmant elle pourrait bien se transformer avec tous ces scrofules ...

Equateur, 21/08/2016 : illusions

    Les employés du lodge nous ont toujours recommandé de ne pas toucher nous-même les animaux que nous pourrions découvrir dans nos chambres car certains peuvent s'avérer dangereux, et je vais par conséquent derechef chercher Galo. Il vient à mon secours et enlève cet énorme (hihihi) batracien de notre salle de bains. Pour ce faire, il l'emmaillote soigneusement de papier toilette afin de la manipuler sans la toucher. Je m'imagine déjà avoir à faire à un crapaud très toxique, avoir échappé de peu à la mort ou à la cécité par projection de poison dans les yeux, bref, être face à un des animaux les plus dangereux du Parc du Cuyabeno ! L'explication est toute autre et fait beaucoup moins aventurier ... Il s'agit d'une grenouille Hyla, parfaitement inoffensive, mais qui a la fâcheuse habitude d'uriner quand elle se sent attrapée, et Galo a tout simplement protégé ses mains des déjections nauséabondes du batracien égaré ...

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L
Quelle aventure!! je crois qu' elle restera longtemps gravée dans vos cœurs.<br /> Toujours emballés de partager ce merveilleux voyage; Hélène on attend la suite....
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H
Merci pour les retours, c'est très gratifiant ! Bisous

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