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Partage de nos voyages en famille en Mongolie centrale, en Equateur, en Aragon (Espagne), en Islande, au Myanmar

05 Aug

Myanmar, 29/10/2017 : Elephas maximus

Publié par Picpic70

    Une petite pluie fine tombe ce matin sur la jungle. Aujourd'hui, c'est MA journée. Depuis toujours, sans que j'en connaisse la raison, j'ai adoré les éléphants. Enfant, mon doudou était un éléphant en peluche blanc aux yeux bleus prénommé Babar (très original …). Il a partagé toutes mes aventures, les joies comme les peines, les succès comme les échecs. Je n'ai jamais pu me résoudre à le jeter jusqu'au jour où, à 40 ans bien sonnés, faisant un peu de rangement dans mon garage, je suis tombée sur un carton contenant une chose informe, grise de moisissure et à l'odeur répugnante. Il m'a fallu quelques instants pour reconnaître le confident de mes jeunes années, mais j'ai bien dû me rendre à l'évidence ce jour-là : Babar n'était plus que l'ombre de lui-même, il était temps de m'en séparer, non sans un gros pincement au cœur … Je ne sais pas si Babar a été la cause de mon intérêt pour les éléphants, ou s'il m'a été offert justement parce que je m'intéressais déjà aux pachydermes, toujours est-il que, aussi loin que je m'en souvienne, j'ai toujours aimé les éléphants. 

 

    Aujourd'hui est pour moi un grand jour car nous devons passer la journée au Green Valley Hills, un centre qui accueille des éléphants ne pouvant plus travailler. Comme dans d'autres pays d'Asie, les éléphants sont encore utilisés pour travailler dans les forêts, mais la reconversion des animaux trop âgés ou blessés et ne pouvant donc plus travailler est un problème. Lors de la préparation de notre voyage, j'ai effectivement souhaité consacrer une journée aux éléphants, tout en évitant les pièges à touristes habituels où les conditions de travail des animaux ne sont pas toujours idylliques. Pour ces raisons, ce petit centre de sauvegarde qui accueille seulement 8 individus me parait idéal. Âgés de 9 à 57 ans, les pachydermes y sont choyés et ne travaillent pas.

L'accueil est cordial et francophone, et agrémenté d'un petit jus de citron vert bien agréable. Le responsable du camp, un birman parlant un bon français nous donne tout d'abord bon nombre d'informations sur la situation des éléphants dans le Monde, puis en Asie (il reste environ 30 000 éléphants d'Asie), puis au Myanmar, où il reste aux alentours de 5000 éléphants dont une bonne moitié est propriété de l'Etat. La plupart des éléphants de Birmanie est domestiquée, mais il en reste encore un nombre indéterminé à l'état sauvage dans les vastes étendues de forêt. Ce centre d'accueil a pour but de faire connaître la situation des éléphants de Birmanie au public et d'aider à leur protection. Il accueille 30 personnes par jour au maximum, différentes activités autour des éléphants sont prévus tout au long de la journée par petits groupes.

Telle une enfant qui a attendu impatiemment son cadeau de Noël, je trépigne d'impatience à l'idée de rencontrer et de toucher ces géants qui me fascinent depuis si longtemps. La première activité consiste à nourrir les pachydermes, ça me convient parfaitement ! Le guide nous donne quelques instructions de sécurité (ne pas courir, ne pas utiliser de flash, ne pas surprendre les animaux en leur passant derrière), puis il nous conduit, par un petit chemin forestier fort agréable à quelques centaines de mètres du bâtiment d'accueil.

 

Myanmar, 29/10/2017 : Elephas maximus

    Derrière les arbres se trouvent deux kiosques de bois qui abritent chacun deux éléphantes. Ces quatre vieilles dames cumulent à elles quatre un siècle et demi et se tiennent nonchalamment installées à l'ombre du toit de palme. L'un de leurs pieds est fixé par une corde de 2 ou 3 mètres de long à un des poteaux du pourtour ; cette attache, plus psychologique que physique car elles pourraient facilement arracher cette corde si elles le souhaitaient, a pour but de maintenir chacune d'entre elle d'un côté du chapiteau et de réduire leurs déplacements durant le temps du nourrissage.

Myanmar, 29/10/2017 : Elephas maximus
Myanmar, 29/10/2017 : Elephas maximusMyanmar, 29/10/2017 : Elephas maximus

    Un mahout est présent auprès de chaque éléphante et vérifie que nous respectons les animaux et ne commettons pas d'imprudence. Chaque éléphante mange environ 200 kg de végétaux quotidiennement, ce qui lui prend environ 16 heures par jour. Le centre accueillant essentiellement des animaux âgés, le régime alimentaire est adapté à leurs dents usées et contient des végétaux moins ligneux et plus digestes que ce qu'ils pourraient trouver dans la nature. Le menu du jour comprend de la courge, des petits troncs de bananiers coupés en tranche et des boulettes de farine humidifiées. Nous sommes conviés à nourrir les éléphants si nous le souhaitons, nous nous portons tous bien sûr volontaires. Je jette mon dévolu sur une vieille éléphante à l'air sage. Cette vieille dame assume allègrement ses rondeurs de pachyderme, son petit œil noir déborde de compassion. Le bord de ses immenses pavillons auriculaires est moucheté de zones dépigmentées rosâtres, de même que l'extrémité de sa trompe et qu'une partie de son poitrail.

Myanmar, 29/10/2017 : Elephas maximus

    Elle est immense, son épaisse peau pourtant rugueuse est pour moi la plus douce des surfaces. Je la parcours du bout des doigts, suivant avec douceur les profonds sillons de son épiderme, je l'effleure, je la caresse. Je jubile, c'est une sensation incroyable. Je la remercie silencieusement du bonheur qu'elle m'apporte par sa simple présence, de la joie qu'elle me procure en existant. C'est viscéral, je suis heureuse, tellement heureuse d'être là … 

Ses pieds cylindriques sont gigantesques, chacun de ses ongles fait la taille de mon poing fermé. Son appui au sol est parfaitement silencieux, elle se déplace avec la délicatesse et la discrétion d'un chat … de presque 4 tonnes ! Sa trompe, composée de plus de 100 000 muscles est un outil multifonctions qui peut servir tour à tour à respirer, à sentir, à caresser, à assommer, à cueillir, à enfourner, à tâter, à écarter, à aspirer de l'eau, à communiquer. Son extrémité est munie d'un doigt préhensile d'une extrême sensibilité. De gros poils rêches la parsèment et me chatouillent les doigts lorsque ma main court le long des muscles annelés. Une cloche de bambou pend sous son cou et résonne gravement à chacun de ses mouvements, permettant à son cornac de la localiser plus aisément lorsqu'elle se trouve dans la forêt.

Myanmar, 29/10/2017 : Elephas maximus
Myanmar, 29/10/2017 : Elephas maximusMyanmar, 29/10/2017 : Elephas maximus
Myanmar, 29/10/2017 : Elephas maximus

    Elle est belle … et gourmande ! Elle me recrache sans hésiter tous les morceaux de bananier, engloutissant en revanche avec délectation la courge et les boulettes de farine. L'activité de nourrissage me comble car je suis ainsi  à son contact direct. Le cornac nous montre les deux façons de nourrir l'éléphante : soit en présentant l'aliment le bras tendu tout en se tenant à une distance "respectable", l'éléphante vient alors saisir avec sa trompe la nourriture, soit en se rapprochant d'elle en l'enjoignant à ouvrir la bouche afin d'y déposer le morceau de végétal ou la boulette de farine. Mais comment faire ouvrir la bouche à un éléphant, me direz-vous ? Rien de plus facile, il suffit de le regarder droit dans les yeux et de lui demander ! Pour lui demander, pousser un guttural "Ha" d'un air très décidé, et si cela ne suffit pas, pousser un guttural "Ha" d'un air très décidé tout en montrant à l'éléphant que vous n'avez pas les mains vides … Bon d'accord, il doit y avoir bien quelques mois de dressage derrière tout ça, mais en tous cas ça marche très bien, d'autant plus que l'éléphante sait maintenant pertinemment qu'elle aura quelque chose à manger après avoir obtempéré.

Myanmar, 29/10/2017 : Elephas maximus

    J'aime bien les deux méthodes de nourrissage, et je les alterne, histoire de varier les plaisirs. Laisser l'éléphante saisir délicatement du bout de sa trompe le morceau que je lui tends me laisse une agréable sensation de chatouillis au creux de la main. L'enjoindre à ouvrir la bouche pour lui déposer ensuite directement un morceau de courge ou de bananier me permet de voir ses énormes molaires capables de broyer des végétaux très ligneux, puis de poser l'aliment sur sa grosse langue et de ressortir la main toute gluante de bave d'éléphant. Oui, de bave d'éléphant, vous vous rendez compte ? Cette salive visqueuse est pour moi le plus doux des onguents, difficile de faire mieux côté contact et proximité ! Le rêve !

 

Myanmar, 29/10/2017 : Elephas maximus
Myanmar, 29/10/2017 : Elephas maximusMyanmar, 29/10/2017 : Elephas maximus

    Mon éléphante est gourmande et maligne : elle garde la bouche ouverte tant qu'il me reste des morceaux de courge dans la main, puis elle la referme et commence à mastiquer dès qu'elle constate que je n'ai plus rien à lui proposer. Le bruit des peaux de courge éclatant sous la pression des meules est saisissant, il témoigne à lui tout seul de la puissance de ce splendide animal. Emilie semble vraiment toute petite à côté de cette géante à la force tranquille, elle prend plaisir à caresser l'éléphante après l'avoir nourrie, cela correspond bien à son caractère câlin. Mathilde, quant à elle, plutôt pragmatique au quotidien et dotée d'un bon coup de fourchette, insiste sur la qualité et la quantité des aliments. Elle sélectionne avec soin de beaux et gros morceaux de courge qu'elle farcit ensuite à la boulette de farine, sans oublier d'y rajouter quelques morceaux de canne à sucre broyée. Elle vient d'inventer le burger vegan spécial éléphant et s'amuse à modifier la recette au gré de ses envies.

    Mon éléphante préférée a une hernie sur le flanc gauche, témoin d'une bagarre avec un mâle belliqueux, ainsi qu'une cicatrice cornéenne sur l'œil droit, vestige d'une blessure à l'œil. Sa peau est incroyablement épaisse et parsemée de poils noirs très drus. Des taches dépigmentées réparties aléatoirement sur son épiderme marquent sa peau comme une carte de géographie unique et sa trompe, agile et fureteuse, part à la recherche des morceaux de courge. 

 

    Le temps de nourrissage tire maintenant à sa fin, il est temps de passer à une nouvelle activité. Nous enfilons chacun un pantalon de coton orange et nous nous mettons en route pour la rivière. Nous suivons une éléphante et son mahout le long d'un petit sentier qui débouche sur le cours d'eau. Le jeune homme conduit à pas lents sa monture dans un trou d'eau, puis la fait coucher dans le courant. D'un geste, il nous invite à le rejoindre. Les filles et moi nous jetons dans l'eau fraîche tandis que Christian reste sur la berge, photographiant la scène. Armées d'une poignée d'écorce produisant une petite mousse végétale, nous frottons l'éléphante sur toutes les parties accessibles de son corps. Le cornac a installé Emilie et une petite fille sur le dos de l'éléphante tandis que Mathilde, la maman de la petite fille et moi-même pataugeons avec délice dans la rivière aux côtés du pachyderme.

Myanmar, 29/10/2017 : Elephas maximus

    Constatant que nous sommes tous regroupées du même côté et ne frottons que le flanc droit de l'éléphante, je décide de faire le tour de l'animal pour lui nettoyer aussi le côté gauche. Mais, du côté gauche, le courant est très fort et je commence bien vite à me faire emporter par les flots, pas vraiment aidée non plus par ma petite taille. J'ai le reflexe de me retenir au passage au collier de l'éléphante, et c'est finalement le mahout, mort de rire, qui m'agrippe et me ramène du côté plus tranquille !

Quelques secondes plus tard, je sursaute en poussant un petit cri : quelque chose de non identifié vient de se glisser contre moi sous l'eau. J'éclate de rire en constatant qu'il ne s'agit que de la trompe de l'éléphante qu'elle promène sous l'eau et fait parfois émerger à la façon d'un tuba pour prendre sa respiration. Elle en profite d'ailleurs pour la vider de l'eau qu'elle contient en expirant un bon coup et en nous aspergeant copieusement par la même occasion. 

L'ambiance est joyeuse, l'éléphante prend de toute évidence plaisir à ce bain rafraichissant, et je la soupçonne de prendre également plaisir à nous entendre crier de surprise quand elle nous asperge. Les filles sont gais, le contact avec l'animal est extraordinaire et régénérant. Quant à moi, je suis bien sûr aux anges, même dans mes rêves les plus audacieux je n'avais jamais imaginé un tel moment d'intimité avec un éléphant. Le cornac est facétieux et souriant, il enchaine les saltos arrière depuis le crâne de l'éléphante (original, comme plongeoir) et éclate de rire à la moindre occasion.

Myanmar, 29/10/2017 : Elephas maximus

    Propre comme un sou neuf, l'éléphante finit par sortir de son bain, comme à regrets. C'est le moment pour nous d'aller visiter le dispensaire, bungalow servant à la fois de bureau, de pharmacie et de local d'archives. Chaque éléphant a un livret reprenant en détail tous les éléments connus de sa vie : sa date de naissance, sa filiation, ses antécédents médicaux (gestation, maladie, accident …) et son caractère. Sur les étagères s'alignent des seringues et des aiguilles de taille impressionnante, des instruments de chirurgie, des plantes médicinales et des flacons de médicaments (antiparasitaires internes, antibiotiques, pommades ophtalmiques). Certains principes actifs des me sont familiers, d'autres non. 

Myanmar, 29/10/2017 : Elephas maximusMyanmar, 29/10/2017 : Elephas maximus

    Nous avons la chance d'être accompagnés dans notre visite du dispensaire par l'oncle du directeur du centre qui est … vétérinaire et a consacré toute sa carrière professionnelle aux éléphants. Je suis très honorée de rencontrer ce confrère du bout du Monde et d'échanger avec lui quelques informations sa spécialité peu commune. Nous exerçons la même profession et pourtant, difficile d'imaginer des patients plus dissemblables que les nôtres ! 

Myanmar, 29/10/2017 : Elephas maximus

    Il me donne la recette de la peinture à marquer les éléphants : de la soude caustique, de la glycérine, de l'alcool ainsi que quelques autres bricoles que je n'ai pas retenues : on applique cette pâte sur la peau de l'éléphant, ce qui provoque une brûlure superficielle non douloureuse pour l'animal et laisse une cicatrice rose. Je ne suis pas certaine que cette recette me soit très utile dans ma pratique quotidienne, mais qui sait ? On reconnait ainsi aisément les éléphants qui appartiennent à l'Etat car ils arborent une belle étoile rose sur chaque fesse ainsi que leur numéro d'identification. Nous discutons également de l'usage de plantes séchées réduites en poudre qui fonctionnent plutôt bien sur certaines pathologies selon mon confrère. Pour finir, je lui pose des questions sur les doses d'antibiotiques utilisées sur des animaux d'un tel poids : je suis très surprise lorsqu'il me montre la dose nécessaire à un éléphant, car c'est la même que celle que nous utilisons pour une vache de 500 à 600 kg !

Myanmar, 29/10/2017 : Elephas maximus

    A deux reprises je vois un mahout monter sur son compagnon puis s'installer sur son cou. Chacun a sa technique, mais la connivence entre l'homme et l'animal est évidente : pas de pique, pas de contrainte, juste un ordre donné de la voix pour que le géant s'agenouille, puis une mise en marche à l'aide de petits coups de talons. Il est évidemment stupide et inutile d'utiliser la force sur ces animaux de 4 tonnes, la douceur et une relation de confiance basée sur le respect mutuel sont bien plus efficaces sur le long terme que la coercition !

Myanmar, 29/10/2017 : Elephas maximusMyanmar, 29/10/2017 : Elephas maximus
Myanmar, 29/10/2017 : Elephas maximus

    Après un copieux et délicieux repas pris sur une terrasse de bois ombragée, nous filons participer à un atelier artisanal de fabrication de pâte à papier à partir … d'excréments d'éléphants ! En effet, les déjections des pachydermes contiennent encore beaucoup de fibres végétales. Qui dit fibre végétale dit cellulose, qui dit cellulose dit papier. Les bouses des éléphants sont rincées puis bouillies, ce qui les débarrasse des impuretés et de l'odeur, elles sont ensuite hachées puis mélangées à de l'eau afin d'obtenir une pâte à papier mise à sécher sur des tamis. Quelques heures plus tard, on obtient une feuille de papier 100% crotte d'éléphant ! J'ai trouvé cet atelier très divertissant et ludique, les enfants ont pu réaliser des feuilles personnalisées avec des inclusions de couleur.

Myanmar, 29/10/2017 : Elephas maximusMyanmar, 29/10/2017 : Elephas maximusMyanmar, 29/10/2017 : Elephas maximus
Myanmar, 29/10/2017 : Elephas maximus

    Sur les chemins forestiers du centre, le guide nous montre quelques curiosités : ici, une petite plante aux feuilles tactiles qui se recroquevillent dès qu'on pose le doigt dessus, là, des sortes de groseilles à maquereau extrêmement acides à la mise en bouche, mais au goût riche et sucré qui apparait plusieurs minutes plus tard. Je vous épargnerai la photo de Mathilde goûtant les groseilles à maquereau car je crois qu'elle ne me le pardonnerait jamais !

 

    Avant de partir, nous sommes retournés nourrir les éléphants, juste pour le plaisir …

 

    Je me sens vraiment privilégiée et heureuse d'avoir passé la journée dans ce centre qui met l'accent sur les interactions douces et positives entre l'Homme et l'éléphant et laisse au visiteur une grande latitude dans le déroulement de sa visite et le temps accordé à chaque atelier.

 

Myanmar, 29/10/2017 : Elephas maximus

    Il n'y a pas de restaurant dans l'hôtel où nous logeons ce soir et le village le plus proche se trouve à 1/2 heure à pied. Du coup, nous achetons sur le chemin du retour des petites mandarines, des oranges, des bananes, des pomelos, des crackers et du riz gluant conservé dans un bambou. Le tout est délicieux, et nous avons mangé à 4 personnes pendant 2 jours pour l'équivalent de 4 € … Record battu !

Avant de nous coucher, nous préparons un sac à dos avec le strict nécessaire pour passer les trois prochains jours et les deux prochaines nuits. Demain matin nous partons pour un trek dans les montagnes !

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